J’espère que ce message vous trouve en bonne santé.
Le déconfinement commence avec ces beaux jours et nous pouvons enfin commencer de voir et de jouir de l’art à nouveau… en vrai !
C’est donc l’occasion de vous recevoir, sur rendez-vous pour partager avec vous une sélection d’œuvres au service d’un thème qui me tient très à cœur.
Les œuvres que nous vous présentons ici traversent le XXème siècle et déroulent un parcours – d’une subjectivité revendiquée – dans l’abstraction. Par leur format, la modestie des matériaux, l’affirmation du geste artistique, la pureté de la composition et surtout le choix affirmé du blanc et du noir, couleurs abstraites par excellence, inexistantes à l’état pur dans la nature, toutes marquent un moment suspendu, une recherche de l’essentiel par leurs auteurs. Elles sont presque toutes inconnues du marché et des salles de ventes, confiées ou acquises directement de leurs propriétaires et abritées dans l’intimité de leur regard, parfois depuis des décennies.
Le titre choisi
Quelques histoires de blanc et noir est un hommage direct et nécessaire à
Quatre histoires de blanc et noir de František Kupka. Ce recueil de 26 planches gravées sur bois, tirées d’innombrables esquisses et croquis, est publié à compte d’auteur en 1926. Il synthétise le voyage vers l’abstraction de ce grand artiste qui affirmait que « l’œuvre d’art étant, en soi réalité abstraite, demande à être constituée d’éléments inventés ». Par la sobriété contrastée du bois gravé, qu’il décrit « blanc immaculé des glaciers inviolés » et « noir infini du cosmos dans l’éternité » Kupka définit sa vision de l’abstraction et revendique un absolu. Cette quête sera partagée par de nombreux artistes qui nourrissent leur art de spiritualité voir de mysticisme et revendiquent l’inspiration majeure de la musique, retrouvée dans les sujets et les formes de leurs œuvres.
Quatre histoires de blanc et noir est un geste fondateur, un manifeste inaugural qui ouvre les chemins de l’abstraction.
Dans les œuvres de Kupka, de Herbin ou de Charchoune, grands coloristes ayant réfléchi à la symbolique des couleurs dans une vision spirituelle de l’art, ou de Matta, habitué des couleurs vives, le choix du noir et blanc apparait comme un moment suspendu, une retenue pour se concentrer sur la forme. Dans les délicats tracés de Sol LeWitt ou les papiers pliés de Sadaharu Horio, le minimalisme monochrome se fait par contre rituel, comme dans le geste précis et méditatif de Degottex.
Je suis heureux de partager ces œuvres avec vous et de voir qu’à travers le temps, un siècle pour certaines, elles continuent de transmettre à chaque personne qui les contemple l’instant d’absolu créé par l’artiste.